Selon quantité de croyants, le plus important, c’est la famille. Le plus beau, pour un chrétien, c’est de sa marier et d’avoir des enfants.
Mais est-ce que ces idées nous sont enseignées par Jésus ?
Avant même d’entrer dans ce que dit Jésus sur le sujet, commençons par ce qu’en dit Paul :
Venons-en à ce que vous m’avez écrit. Il est bon pour l’homme de s’abstenir de la femme. Toutefois, pour éviter tout dérèglement, que chaque homme ait sa femme, et chaque femme son mari. (…) En parlant ainsi, je vous fais une concession, je ne vous donne pas d’ordre. Je voudrais bien que tous les hommes soient comme moi ; mais chacun reçoit de Dieu un don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. Je dis donc aux célibataires et aux veuves qu’il est bon de rester ainsi, comme moi. Mais s’ils ne peuvent vivre dans la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que brûler. (1Co 7,1–2.6–9)
On est loin d’une ode glorieuse au mariage, qui semble ici un plutôt être un pis-aller, une solution de repli nécessaire à cause de la faiblesse des hommes et des femmes. Pour Paul, clairement, la situation la plus belle, c’est de rester célibataire et chaste.
Mais bon, si vous n’êtes pas foutus de répondre à cet appel-là, mariez-vous, au moins…
Au passage, rappelons que Jésus exprime aussi des réserves sur le mariage, clairement celui-ci n’est pas fait pour tout le monde :
« Je vous le dis : Si quelqu’un répudie sa femme – sauf en cas d’union illégale – et en épouse une autre, il est adultère. » Les disciples lui dirent : « Si telle est la condition de l’homme envers sa femme, il n’y a pas intérêt à se marier. » Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas ce langage, mais seulement ceux à qui c’est donné. En effet, il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein maternel ; il y a des eunuques qui ont été rendus tels par les hommes ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des cieux. Comprenne qui peut comprendre ! » (Mt 19,9–12)
Littéralement, ce n’est pas donné à tout le monde de se marier…
Mais une fois mariés, une fois que nous fondons une famille, celle-ci ne devrait-elle pas être absolument cruciale pour nous ? Après tout, Paul nous commande de nous en occuper :
Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, surtout de ceux qui vivent dans sa maison, il a renié la foi, il est pire qu’un incroyant. (1Tm 5,8)
Et Jésus ?
Pas si simple. Pour commencer, il ne nous enseigne pas du tout que la famille soit prioritaire. Au contraire, elle doit explicitement passer au second plan devant notre engagement à Le suivre :
Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. (Lc 14,26)
En fait, Jésus affirme même que quiconque trouve le courage d’abandonner sa famille pour son service à Dieu en sera récompensé :
Il leur répondit : « En vérité, je vous le déclare, personne n’aura laissé maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Lc 18,29–30)
Jésus va même jusqu’à nous prévenir que notre foi risque de ne pas être accueillie favorablement dans notre famille :
Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront condamner à mort. (Mt 10,21)
Mais pourtant, si nous témoignons de Jésus avec amour, nous devrions sûrement gagner nos proches à cet amour qui surabonde, non ?
Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa maison. (Mt 10,35–36)
Pourtant, ses disciples eux-mêmes semblaient penser que sa famille biologique avait forcément un statut à part et Jésus a eu besoin de les recadrer. Il est très clair sur ce qui constitue sa famille, et ce ne sont pas des liens du sang :
A celui qui venait de lui parler, Jésus répondit : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Montrant de la main ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères ; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère. » (Mt 12,48–50)
Peut-être devrions-nous méditer ces paroles de Jésus quand nous discutons de la famille. Bien sûr, fonder une famille est une bénédiction, une chance merveilleuse. Et en fondant une famille, nous accomplissons le commandement divin :
« Quant à vous, soyez féconds et prolifiques, pullulez sur la terre, et multipliez-vous sur elle. » (Gn 9,7)
Mais nous ne devrions pas éléver le mariage et la famille en une idole, en faire un idéal supérieur pour tous nos frères et nos sœurs en Christ. Se marier est un engagement fort, auquel tout le monde n’est pas prêt. Fonder une famille est une responsabilité colossale. Arrêtons de nous laisser influencer à penser qu’il manque quelque chose à quelqu’un qui est célibataire.
Que les célibataires profitent de leur célibat, que ceux qui s’aiment profitent de leur vie de couple. Que ceux qui ont des enfants profitent de cette bénédiction et qu’on laisse tranquilles que ceux qui n’en veulent pas. Il y a quantités d’autres choses à faire au service de Dieu que d’éléver ses enfants.
Que Dieu vous garde.
Illustration : Suffer the Children