Être chrétien, ça ne veut rien dire

J’ai été élevé dans la foi catholique et je me suis longtemps affirmé comme étant un chrétien et un catholique. Puis j’ai trouvé dans la Bible des choses qui me semblaient contraires à certains dogmes de l’Église Catholique, alors que j’étais déjà mal à l’aise avec certains dogmes ou positions officielles du Vatican. Donc je suis allé voir ailleurs et j’ai découvert la foi protestante, dans laquelle j’étais enfin pleinement à l’aise. Je me suis rapidement affirmé comme étant protestant ; un peu plus tard, je me suis senti à l’aise de préciser que j’étais désormais luthérien. Quand des amis chrétiens m’ont fait découvrir les églises charmismatiques, j’y ai trouvé beaucoup de choses qui me déplaisent mais elles ont quand même changé ma vision des choses, et je me suis longtemps défini comme luthéro-charismatique. Et pendant tout ce temps, j’étais toujours chrétien.

Sauf que beaucoup de gens se définissent également chrétiens sans pour autant satisfaire à ce qui me semblait les critères les plus basiques et les plus essentiels de ce que signifie être chrétien. En bon théologien protestant, je suis donc allé interroger la Bible pour savoir ce qu’être chrétien est censé vouloir dire.

Et là, rien.

En fait, même si les traductions de la Bible contiennent parfois un nombre conséquent d’occurences du mot « chrétien », le texte grec, lui, ne le contient que 3 fois :

  • « Et c’est à Antioche que, pour la première fois, le nom de « chrétiens » fut donné aux disciples. » (Ac 11,26)
  • « Agrippa dit alors à Paul : « Il te faut peu, d’après ton raisonnement, pour faire de moi un chrétien ! » (Ac 26,28)
  • « mais si c’est comme chrétien [qu’il doit souffrir], qu’il n’en ait pas honte, qu’il glorifie plutôt Dieu de porter ce nom. » (1Pi 4,16)

C’est-à-dire que ce sont trois usages du mot « chrétien » qui proviennent non pas de la communauté mais de l’extérieur !

Aujourd’hui, si on me demande si je suis chrétien, je dis donc parfois que je ne sais pas. Vous pouvez m’appeler chrétien si c’est plus simple pour vous, mais je ne connais pas les critères pour savoir qui l’est et qui ne l’est pas…

Par contre, je me dis désormais disciple de Jésus, parce que là, par contre, il nous a donné un critère : « A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13,35). Vous me direz que c’est peut-être un peu léger comme définition et que quantités de gens agissent par amour sans pour autant être des disciples de Jésus. Pour ma part, je me range derrière C.S. Lewis. Dans Narnia, il exprime son idée que quiconque fait le bien sert Dieu, qu’il le sache ou non. Et je pense effectivement que quiconque agit par amour, qu’il dise ou pense que c’est au nom de Vishnou, de son propre intérêt, de Dieu ou d’un principe thermodynamique, est un disciple de Jésus, qu’il sert fidèlement.

Et si ces gens dénoncent Jésus, s’ils le rejettent, disent qu’il n’a pas existé ou n’est pas Dieu ? Ils n’ont pas la foi, n’est-ce pas ? Comment pourraient-ils être ses disciples, du coup ? Je trouve que Paul a une très belle formule qui me semble s’appliquer ici :

« Maintenant donc ces trois-là demeurent,
la foi, l’espérance et l’amour,
mais l’amour est le plus grand.
» (1Co 13:13)

Soyez donc des disciples de Jésus.

Que Dieu vous garde.